Education thérapeutique et suivi des patients chroniques

5 décembre 2010

Communiqué FNI de septembre 2010 "Erreur sur le remède, remède à l’erreur"

Pour une éducation thé­ra­peu­ti­que inté­grée dans un pro­gramme per­son­na­lisé d’accom­pa­gne­ment et de suivi des patients souf­frant d’affec­tions chro­ni­ques

Reconnue par la loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires, l’éducation thé­ra­peu­ti­que doit cons­ti­tuer une prio­rité de santé publi­que et devrait être équitablement acces­si­ble à toute per­sonne souf­frant d’une patho­lo­gie chro­ni­que. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, loin s’en faut, les asso­cia­tions d’usa­gers sont d’ailleurs tou­jours en attente des décrets rela­tifs aux actions qu’elles enten­dent déve­lop­per.

La FNI vient de sou­met­tre, le 16 sep­tem­bre, à la mis­sion de concer­ta­tion sur l’avenir de la méde­cine de proxi­mité, conduite par le doc­teur Élisabeth Hubert, un énoncé de posi­tion démon­trant tout l’inté­rêt de confier aux infir­miers libé­raux l’éducation thé­ra­peu­ti­que des patients souf­frant de patho­lo­gies chro­ni­ques, inté­grée à un pro­gramme d’accom­pa­gne­ment per­son­na­lisé. Véritables contre-pro­po­si­tions au rap­port Jacquat, les recom­man­da­tions de la FNI cons­ti­tuent une solu­tion pour rendre acces­si­ble au plus grand nombre l’éducation thé­ra­peu­ti­que (ETP) et satis­faire à l’impé­rieuse néces­sité de maî­tri­ser les dépen­ses d’ALD. L’appui avisé sur les infir­miers libé­raux per­met­tra de cibler le suivi per­son­na­lisé au béné­fice de près d’un mil­lion de patients en ALD, qui génè­rent à eux seuls plus de 50 mil­liards d’euros de dépen­ses de santé, soit près du tiers de l’ONDAM. 

Dans sa contri­bu­tion, la FNI sou­li­gne les inco­hé­ren­ces majeu­res du rap­port sur l’ETP remis au Premier minis­tre par le député Denis Jacquat. Elle inter­roge la per­ti­nence d’une appro­che exclu­si­ve­ment médi­cale qui conduit à dis­so­cier les soins de l’éducation du patient à la prise en charge de sa mala­die. Pourtant, l’éducation thé­ra­peu­ti­que est donc bien une affaire de soi­gnants. De l’aveu même de Denis Jacquat, lui-même méde­cin, « Seule la for­ma­tion d’infir­mier intè­gre aujourd’hui l’éducation thé­ra­peu­ti­que. La for­ma­tion condui­sant au diplôme d’État assure à l’infir­mier la com­pé­tence néces­saire pour conce­voir, for­ma­li­ser et mettre en œuvre une démar­che d’éducation thé­ra­peu­ti­que. »

Peut-on de façon réa­liste dis­so­cier l’appren­tis­sage d’un patient au bon usage de son trai­te­ment de son accom­pa­gne­ment géné­ral ?

° Le Haut Conseil de Santé Publique recom­mande depuis de nom­breu­ses années d’inté­grer l’éducation thé­ra­peu­ti­que aux soins de pre­mier recours.

° Pour l’OMS, l’éducation thé­ra­peu­ti­que devrait être sys­té­ma­ti­que­ment inté­grée dans les soins déli­vrés aux per­son­nes souf­frant de mala­dies chro­ni­ques.

° Selon la HAS, l’éducation est indis­so­cia­ble des trai­te­ments et des soins, du sou­la­ge­ment des symp­tô­mes, de la pré­ven­tion des com­pli­ca­tions.

La France va-t-elle rester encore long­temps à contre-cou­rant des recom­man­da­tions inter­na­tio­na­les et de celles de ses pro­pres ins­tan­ces spé­cia­li­sées en matière de poli­ti­que de santé publi­que ? Faute de reconnaî­tre le rôle propre des infir­miers en matière d’éducation, elle a pris un retard préoc­cu­pant dans l’acces­si­bi­lité des pro­gram­mes d’éducation thé­ra­peu­ti­que. Si ce retard ne cons­ti­tue pas une fata­lité, les recom­man­da­tions for­mu­lées par Denis Jacquat ne per­met­tent tou­te­fois aucu­ne­ment de répon­dre à cette exi­gence de déploie­ment rapide et pérenne.

Eu égard à la for­ma­tion et aux com­pé­ten­ces des infir­miè­res, ainsi qu’à leur proxi­mité et à leur pré­sence quasi quo­ti­dienne sur le lieu de vie de leurs patients, et eu égard à l’impé­rieux besoin de cohé­rence entre soins et éducation, l’accom­pa­gne­ment par les infir­miers libé­raux des patients atteints de patho­lo­gies chro­ni­ques cons­ti­tue une véri­ta­ble oppor­tu­nité pour la col­lec­ti­vité natio­nale. Ces pro­po­si­tions alter­na­ti­ves sont au reste par­fai­te­ment en ligne avec les recom­man­da­tions du Conseil de la CNAMTS qui pla­çait, en juillet 2010, en tête de liste de ses pro­po­si­tions pour amé­lio­rer l’effi­cience du sys­tème de santé « l’accom­pa­gne­ment des per­son­nes souf­frant de patho­lo­gies chro­ni­ques ».

Dès lors, pour­quoi s’obs­ti­ner à cloi­son­ner, à fan­tas­mer sur la montée en puis­sance de nou­vel­les et dis­pen­dieu­ses struc­tu­res (MSP) ou à spé­cu­ler sur la for­ma­tion d’une pro­chaine géné­ra­tion de méde­cins à l’éducation thé­ra­peu­ti­que ? La FNI, pre­mière orga­ni­sa­tion repré­sen­ta­tive des 70.000 infir­miers libé­raux, pro­pose, au contraire, d’appor­ter de la cohé­rence au sys­tème de santé en reliant l’éducation avec le suivi per­son­na­lisé des patients.

A défaut d’impli­quer les pro­fes­sion­nels de santé et les asso­cia­tions d’usa­gers dans le déve­lop­pe­ment de l’ETP, le rap­port Jacquat encou­rage et invite les indus­triels à finan­cer direc­te­ment les pro­gram­mes d’éducation, ce qui ne va pas sans sou­le­ver de graves ques­tions éthiques, dont la presse et les assu­reurs com­plé­men­tai­res se sont lar­ge­ment fait l’écho. Est-il rai­son­na­ble en effet de confier aux firmes phar­ma­ceu­ti­ques et de les leur délé­guer des mis­sions au ser­vice sup­posé de l’inté­rêt des patients ? Est-on prêt à pren­dre le risque de sou­met­tre la santé de nos conci­toyens aux conflits d’inté­rêts aux­quels ces firmes sont régu­liè­re­ment confron­tées ?

Plus de détails : http://www.fni.fr/IMG/pdf/PositionPaperFNI-ETP0910.pdf

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