HCPP : rejet massif d’une VAE au rabais (14.11.08)

17 novembre 2008

Le premier vote du HCPP constitue un sérieux revers pour la DHOS : 5 pour, 8 abstentions et 17 contre le projet de supprimer le module obligatoire de 70 heures de formation pour présenter en VAE aide-soignante ! Reste à savoir si Roselyne Bachelot va suivre l’avis du HCPP qu’elle vient de mettre en place, ou si elle va passer en force ?

Le minis­tère a réa­lisé un bilan de la VAE aide soi­gnante (vali­da­tion des acquis de l’expé­rience), mise en place en 2005 : selon lui, "le module obli­ga­toire de for­ma­tion au DEAS et DEAP, néces­saire pour obte­nir la vali­da­tion du livret 2, est consi­déré comme un frein réel. En effet, cela contraint les can­di­dats, pour rece­voir l’attes­ta­tion de suivi de ce module, à recher­cher un finan­ce­ment de ce temps de for­ma­tion."

Lors de la réu­nion du HCPP du 14 novem­bre 2008, la DHOS (Direction de l’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins) a pro­posé deux textes pour le sup­pri­mer, car elle estime que ce "module obli­ga­toire de for­ma­tion de 70 h (qui doit être suivi par les can­di­dats entre la rece­va­bi­lité et le dépôt du livret 2 et donc avant le pas­sage devant le jury) ralen­tit ainsi la pro­cé­dure d’obten­tion du diplôme et peut même avoir un effet dis­sua­sif auprès des can­di­dats."

Les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les et les asso­cia­tions d’aides soi­gnants avaient demandé à l’una­ni­mité ce module en 2005, et ont exigé le main­tien de cet accom­pa­gne­ment à la démar­che de VAE.

Au titre de la CFE-CGC, Thierry Amouroux :
 a trouvé inad­mis­si­ble de vou­loir sup­pri­mer ce module de métho­do­lo­gie, qui cons­ti­tue le seul socle commun des can­di­dats à la VAE,
 a dénoncé le double dis­cours du minis­tère, qui parle d’accré­di­ta­tion et de qua­lité des soins, mais renonce faci­le­ment au qua­li­ta­tif pour "faire du chif­fre"
 ne com­prend pas que l’on ne réponde pas à ce pro­blème de finan­ce­ment par un finan­ce­ment. Il ne serait pas pos­si­ble pour l’employeur de déga­ger deux semai­nes et de finan­cer ces 70 h de for­ma­tion, alors que vali­der les 8 modu­les de la for­ma­tion d’AS équivaut à économiser 9 mois de salaire d’un agent en pro­mo­tion pro­fes­sion­nelle ?

La DHOS voit ce module comme un verrou, un dis­po­si­tif de régu­la­tion, alors que pour la CFE-CGC c’est une aide métho­do­lo­gi­que, pour ren­trer dans une démar­che d’écriture et d’argu­men­ta­tion, afin d’être meilleur dans son futur métier.

Cela pose également le pro­blème de la conti­nuité de l’Etat et du res­pect de la parole donnée : lors des négo­cia­tions de 2005, ce module était un "point dur" pour accep­ter l’arri­vée de la VAE dans le milieu de la santé. Trois après, la DHOS veut faire passer pour un ajus­te­ment tech­ni­que une remise en cause d’un accord poli­ti­que.

Malgré une pro­po­si­tion de média­tion du Président Couty, la DHOS s’est arc-boutée sur sa posi­tion, ce qui a conduit à un rejet massif :
 5 voix pour (dont la CFDT)
 17 contre (toutes les autres orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les, ainsi que les asso­cia­tions d’AS et d’AP)
 8 abs­ten­tions (des orga­ni­sa­tions de para­mé­di­caux qui ne tra­vaillent pas avec des AS)

Reste à savoir si Roselyne Bachelot va suivre l’avis du HCPP qu’elle vient de mettre en place, ou si elle va passer en force ?

lire l’arti­cle

******************************************

Le docu­ment sui­vant est rédigé par la DHOS (minis­tère) :

Bilan de l’ouver­ture à la vali­da­tion des acquis de l’expé­rience (VAE) des pre­miers diplô­mes du sec­teur sani­taire

Cette note a pour objet de pré­sen­ter un bilan de l’ouver­ture à la vali­da­tion des acquis de l’expé­rience (VAE) des pre­miers diplô­mes du sec­teur sani­taire concer­nés par ce dis­po­si­tif.
Il s’agit res­pec­ti­ve­ment
 du diplôme d’Etat d’aide-soi­gnant (DEAS),
 du diplôme d’Etat d’auxi­liaire de pué­ri­culture (DEAP)
 et du diplôme de pré­pa­ra­teur en phar­ma­cie hos­pi­ta­lière (DPPH).

Ce bilan est pré­senté pour infor­ma­tion au Haut Conseil des Professions Paramédicales. Des mesu­res d’ordre régle­men­taire modi­fiant les moda­li­tés d’orga­ni­sa­tion de la VAE pour l’obten­tion du DEAS et du DEAP sont consé­cu­ti­ve­ment sou­mi­ses pour avis au HCPP.

I. L’ouver­ture des diplô­mes sani­tai­res et sociaux à la VAE

La loi de moder­ni­sa­tion sociale du 17 jan­vier 2002 -et notam­ment ses arti­cles 133 et 146- ont créé un droit à la vali­da­tion des acquis de l’expé­rience. Il permet à toute per­sonne d’accé­der, sur la base d’une expé­rience pro­fes­sion­nelle, sala­riée, non sala­riée ou béné­vole d’au moins trois ans, à tout ou partie d’un diplôme ou, plus géné­ra­le­ment d’une cer­ti­fi­ca­tion pro­fes­sion­nelle.

Comme le pré­cise l’arti­cle 146 de la loi du 17 jan­vier 2002, un rap­port d’évaluation a été adressé par le Gouvernement au Parlement en décem­bre 2007.

En appli­ca­tion de la loi du 17 jan­vier 2002, l’admi­nis­tra­tion cen­trale du minis­tère chargé de la santé (DGS et DHOS) et des affai­res socia­les (DGAS) a engagé un tra­vail de ré-ingé­nie­rie des diplô­mes du sec­teur sani­taire et social, avec pour le sec­teur sani­taire :
  en 2005, l’ouver­ture à la VAE du diplôme d’Etat d’aide-soi­gnant (DEAS) ;
  en 2006, l’ouver­ture à la VAE du diplôme d’Etat d’auxi­liaire de pué­ri­culture (DEAP) et du diplôme de pré­pa­ra­teur en phar­ma­cie hos­pi­ta­lière (DPPH).

Aujourd’hui, les diplô­mes sani­tai­res et sociaux contri­buent for­te­ment au déve­lop­pe­ment de la VAE dans un contexte de défis impor­tants en matière de pro­fes­sion­na­li­sa­tion, notam­ment pour répon­dre aux besoins crois­sants de prise en charge des per­son­nes hos­pi­ta­li­sées, âgées, dépen­dan­tes ou han­di­ca­pées et au renou­vel­le­ment des par­cours pro­fes­sion­nels des per­son­nels.

Depuis 2007, douze diplô­mes de tra­vail social ou de santé déli­vrés par les DRASS sont ouverts à la VAE aux­quels se rajou­tent trois autres diplô­mes de tra­vail social, déli­vrés par les rec­teurs et dont la ges­tion est assu­rée par les ser­vi­ces aca­dé­mi­ques (cf. annexe I). Le péri­mè­tre des diplô­mes du sec­teur sani­taire ouverts à la VAE demande quant à lui à être élargi.

Pour mener à bien ces tra­vaux, un struc­ture de projet inter direc­tion­nelle a été cons­ti­tuée dès 2005.

II. Modalités de pilo­tage de la VAE des diplô­mes sani­tai­res et sociaux

La struc­ture de projet inter direc­tion­nelle a été mise en place entre les direc­tions cen­tra­les et les ser­vi­ces déconcen­trés pour har­mo­ni­ser et mener de pair ces tra­vaux. En effet, face à la très forte demande de VAE en vue de l’obten­tion des diplô­mes de tra­vail social et de santé, les minis­tè­res char­gés des affai­res socia­les et de la santé se sont orga­ni­sés en recou­rant à un établissement public natio­nal (le CNASEA) pour cons­ti­tuer un point d’entrée unique dans le dis­po­si­tif et déchar­ger les DRASS d’une partie des acti­vi­tés liées à ce domaine.

L’exter­na­li­sa­tion en 2006 des flux de deman­des a conduit à un pas­sage de relais entre les DRASS et le CNASEA. Une conven­tion du 8 juin 2006( ) défi­nit le cadre et le champ de mise en œuvre de cette col­la­bo­ra­tion. Afin de déve­lop­per l’accès à la cer­ti­fi­ca­tion, la DHOS et la DGAS sont par ailleurs mem­bres du Comité inter­mi­nis­té­riel de déve­lop­pe­ment de la VAE, ins­tauré en 2006 (Décret n°2006-166 du 15 février 2006).

III. Le bilan pour les trois diplô­mes du sec­teur sani­taire ouverts à la VAE

III.1. Une forte demande

Dès 2005, pour les diplô­mes sani­tai­res, 18 598 deman­des ont été enre­gis­trées pour la cer­ti­fi­ca­tion d’AS, puis 10 029 en 2006 avec le diplôme d’AP et celui de PPH. Ce chif­fre était de 15 076 en 2007, soit de 2002 à 2007, 43 703 deman­des de rece­va­bi­lité (nombre de livrets 1dé­po­sés).

Pour autant, la mise en place du dis­po­si­tif pour ces diplô­mes est inter­ve­nue pro­gres­si­ve­ment : d’une part, la condi­tion de durée d’expé­rience pro­fes­sion­nelle a été fixée de manière décrois­sante (5 ans en 2005, 4 ans en 2006 et 3 ans en 2007) et d’autre part un module obli­ga­toire de for­ma­tion de soixante dix heures a été imposé (l’attes­ta­tion de suivi de ce module cons­ti­tuant une pièce à four­nir de façon obli­ga­toire pour avoir accès au jury du diplôme).

Compte tenu du lan­ce­ment du dis­po­si­tif pour les diplô­mes du sec­teur sani­taire et des moyens limi­tés dans un contexte d’exter­na­li­sa­tion, une régu­la­tion d’accès a par ailleurs été néces­saire.

Aujourd’hui en 2008, avec le recul et compte tenu des pre­miers tra­vaux d’évaluation effec­tués (rap­port d’évaluation de la loi de 2002 pour le Parlement, étude du Secrétariat géné­ral des minis­tè­res char­gés des affai­res socia­les, remon­tée des infor­ma­tions en pro­ve­nance du CNASEA), une ana­lyse de l’accès de ces diplô­mes par VAE peut être pré­sen­tée.
Elle révèle des dif­fi­cultés qui condui­sent à envi­sa­ger des mesu­res pour y remé­dier.

III.2. Les dif­fi­cultés ren­contrées

On cons­tate en effet un écart consi­dé­ra­ble entre le nombre de livrets 1 vali­dés et le nombre de livrets 2 rece­va­bles ainsi qu’un faible nombre d’entre­tiens avec le jury. Cette situa­tion tient sans doute à plu­sieurs causes :
 le module obli­ga­toire de for­ma­tion au DEAS et DEAP, néces­saire pour obte­nir la vali­da­tion du livret 2, est consi­déré comme un frein réel. En effet, cela contraint les can­di­dats, pour rece­voir l’attes­ta­tion de suivi de ce module, à recher­cher un finan­ce­ment de ce temps de for­ma­tion.
 les coûts, voire un non-finan­ce­ment par l’employeur, peu­vent cons­ti­tuer une fac­teur de renon­ce­ment des can­di­dats. Les for­ma­tions de ce type sont fac­tu­rées à des tarifs variant entre 500 et 1000 Є selon les régions et les ins­ti­tuts. L’obli­ga­tion intro­duite dans le cursus VAE du DEAS et du DEAP a contri­bué à ouvrir un marché secondaire pour les orga­nis­mes de for­ma­tion dont les tarifs auraient ten­dance à aug­men­ter depuis 2005.

Au sur­plus, il convient de sou­li­gner qu’un cer­tain nombre de can­di­dats ont financé eux-mêmes ce module avec par­fois recours à l’emprunt à défaut de finan­ce­ment mutua­lisé.

De sur­croît, cette situa­tion entraîne la cons­ti­tu­tion d’un stock de dos­siers et fra­gi­lise la cons­ti­tu­tion des jurys. A ce titre, le CNASEA, opé­ra­teur assu­rant la ges­tion délé­guée du dis­po­si­tif sani­taire et social, a confirmé en mai 2008 l’exis­tence préoc­cu­pante de ce stock de dos­siers en attente de jury et l’écart entre le nombre de dos­siers dépo­sés et le nombre de livrets 2 . Cette situa­tion a en partie pour cause l’obli­ga­tion du module de for­ma­tion néces­saire lors du dépôt du livret 2. A ce titre, le module de 70 h peut être consi­déré comme un frein à la vali­da­tion.

Or, l’obli­ga­tion de suivre le module de 70 h est étrangère au prin­cipe même de la VAE (qui a pour objet de vali­der de l’expé­rience et non des temps de for­ma­tion) et cette exi­gence ne se ren­contre que pour les deux diplô­mes d’AS et de AP.

A cet égard, les besoins de mise à niveau des can­di­dats à la VAE, quand ils appa­rais­sent utiles, doi­vent se trai­ter dans le cadre de la poli­ti­que déter­mi­née par les orga­nis­mes pari­tai­res col­lec­teurs agrées des fonds de for­ma­tion (OPCA) et, en cas de vali­da­tion par­tielle des com­pé­ten­ces, par la pos­si­bi­lité, pen­dant un délai de 5 ans, à comp­ter de la noti­fi­ca­tion de déci­sion du jury, de com­plé­ter leur par­cours, soit par l’obten­tion d’un com­plé­ment d’expé­rience dans le champ des com­pé­ten­ces non vali­dées, soit par l’obten­tion des modu­les cor­res­pon­dants avec accès à l’ins­ti­tut de for­ma­tion d’AS ou d’AP concerné.
C’est pour­quoi des consé­quen­ces doi­vent être tirées de ce cons­tat.

IV. Des pré­co­ni­sa­tions pour une sim­pli­fi­ca­tion

Pour flui­di­fier l’accès aux deux cer­ti­fi­ca­tions sani­tai­res d’AS et d’AP, il est néces­saire d’envi­sa­ger des moda­li­tés qui tien­nent compte des obser­va­tions issues des tra­vaux de syn­thèse menés par le Secrétariat géné­ral des minis­tè­res char­gés des affai­res socia­les et relayées par le Comité de pilo­tage VAE sani­taire et sociale (décem­bre 2007) puis la Commission pro­fes­sion­nelle consul­ta­tive du tra­vail social et de l’inter­ven­tion sociale (octo­bre 2008).

Il s’avère que ces pré­co­ni­sa­tions trou­vent écho dans le Rapport « Valoriser les acquis par l’expé­rience : une évaluation du dis­po­si­tif de VAE » remis par Eric Besson au Premier Ministre, le 4 sep­tem­bre 2008.

La mise en place du module obli­ga­toire de for­ma­tion de 70 h (qui doit être suivi par les can­di­dats entre la rece­va­bi­lité et le dépôt du livret 2 et donc avant le pas­sage devant le jury) ralen­tit ainsi la pro­cé­dure d’obten­tion du diplôme et peut même avoir un effet dis­sua­sif auprès des can­di­dats.

C’est pour­quoi il est pré­co­nisé les adap­ta­tions régle­men­tai­res sui­van­tes, en vue de la sup­pres­sion du module obli­ga­toire de 70 h, qui ont pour effet de modi­fier les moda­li­tés d’orga­ni­sa­tion de la VAE pour l’obten­tion du DEAS et du DEAP. Elles s’ins­cri­vent dans deux pro­jets d’arrê­tés modi­fi­ca­tifs :
 l’arrêté du 25 jan­vier 2005 modi­fié rela­tif aux moda­li­tés d’orga­ni­sa­tion de la VAE pour l’obten­tion du diplôme d’Etat d’aide soi­gnant ;
 l’arrêté du 16 jan­vier 2006 modi­fié rela­tif aux moda­li­tés d’orga­ni­sa­tion de la VAE pour l’obten­tion du diplôme d’Etat d’auxi­liaire de pué­ri­culture.

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Plan Bayrou : une brutalité sans précédent contre les patients et les soignants

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI CFE-CGC) dénonce un plan d’économies de (…)

Médicaments cytotoxiques : sauver des vies en risquant la sienne

Ils sauvent des vies. Mais ils menacent aussi celles qui les administrent. Dans les services (…)

Protéger ceux qui soignent, c’est protéger la santé des français

À la suite d’une agression commise contre une infirmière libérale, une vingtaine d’organisations (…)

Notre voix, notre profession : pas de porte-parole autoproclamé pour les infirmiers !

Paris le 20 août 2025 - À l’heure où notre système de santé traverse une période de tension et (…)

Infirmières face aux inégalités de santé : "aller-vers" la justice sociale

Les inégalités sociales de santé ne sont pas des abstractions statistiques. Elles se mesurent en (…)

Soigner les soignants : des discours aux actes, le fossé se creuse

Des soignants en bonne santé, c’est la base pour des soins de qualité et des patients en (…)