Infirmières de pratique avancée : audition du SNPI à l’Assemblée Nationale

1er mai 2010

Le 28 avril 2010, le syn­di­cat infir­mier de la CFE-CGC a été entendu lors d’une audi­tion de la "Mission d’infor­ma­tion sur la for­ma­tion des auxi­liai­res médi­caux". La Mission est pré­si­dée par Catherine Lemorton (phar­ma­cienne, Députée PS de Haute-Garonne), et le rap­por­teur est Jacques Domergue (Chirurgien, Député UMP de l’Hérault).

La mis­sion pro­céde à une évaluation du sys­tème de for­ma­tion des auxi­liai­res médi­caux, au regard de la lisi­bi­lité et de l’attrac­ti­vité des cursus pour les étudiants, des pers­pec­ti­ves pro­fes­sion­nel­les offer­tes aux diplô­més et de l’adé­qua­tion aux besoins des patients. Elle porte une atten­tion par­ti­cu­lière à la cla­ri­fi­ca­tion et à l’har­mo­ni­sa­tion du sys­tème de for­ma­tion actuel, à la reconnais­sance des nou­veaux métiers du sec­teur et au ren­for­ce­ment des qua­li­fi­ca­tions inter­mé­diai­res entre pro­fes­sions médi­ca­les et auxi­liai­res médi­caux, et évalue enfin les impli­ca­tions de l’inté­gra­tion des for­ma­tions d’auxi­liaire médi­cal au sys­tème LMD.

Le SNPI CFE-CGC était repré­senté par sa Trésorière, Anne Larinier (IDE au PSPH Saint Joseph) et son Secrétaire Général Thierry Amouroux (IDE au CHU Saint Louis AP-HP).

Licence

Le SNPI est hos­tile à l’idée d’une "L1 para­mé­di­cale" sur le modèle de la "L1 santé" créée par la loi du 7 juillet 2009 por­tant créa­tion d’une pre­mière année com­mune de for­ma­tion aux étudiants en méde­cine, odon­to­lo­gie, phar­ma­cie et maïeu­ti­que (sage-femme).

Le SNPI réclame une véri­ta­ble filière LMD en scien­ces infir­miè­res :
 avec une L1 infir­mière, débou­chant en 6 semes­tres sur un diplôme de Licence, et non une simple reconnais­sance de grade comme aujourd’hui.
 un master pour les cadres de santé (option ges­tion ou péda­go­gie) et les infir­miè­res spé­cia­li­sées. Mais au delà il faut cons­truire des Master pour les infir­miè­res de pra­ti­ques avan­cées.

Master

La prise en charge des mala­dies chro­ni­ques repré­sente l’avenir de la pro­fes­sion infir­mière, au tra­vers de la créa­tion d’un Master en Sciences Infirmières com­pre­nant une pre­mière année com­mune, la deuxième année étant spé­ci­fi­que à l’option, entre infir­mière cli­ni­cienne et ISC infir­mière spé­cia­liste cli­ni­que dans une patho­lo­gie médi­cale (santé men­tale, car­dio­lo­gie, can­cé­ro­lo­gie, gastro-enté­ro­lo­gie, hémo­dia­lyse, etc.).

L’inté­rêt de ce schéma est de per­met­tre de pou­voir se diri­ger vers d’autres pra­ti­ques au cours de sa vie pro­fes­sion­nelle moyen­nant un com­plé­ment de for­ma­tion tenant compte de ses acquis de for­ma­tion.

L’infir­mière cli­ni­cienne ana­lyse les situa­tions com­plexes de soins, aide les équipes à pren­dre en charge des patients jugés dif­fi­ci­les du fait de leur patho­lo­gie ou des situa­tions. Elle fait réfé­rence dans les domai­nes de l’éducation thé­ra­peu­ti­que, de l’infor­ma­tion et du suivi des per­son­nes. Elle réa­lise des consul­ta­tions infir­miè­res d’éducation, de conseil, de suivi de patho­lo­gies chro­ni­ques.

Chaînon man­quant entre l’IDE et le méde­cin, l’ISC par­ti­cipe au suivi en consul­ta­tion des mala­dies chro­ni­ques sui­vant une pro­cé­dure déter­mi­née avec l’équipe médi­cale. Elle assure le lien entre le patient, la famille, le méde­cin et les autres pro­fes­sion­nels. Elle se préoc­cupe davan­tage du contexte de vie du patient que le méde­cin. Elle apporte sta­bi­lité et cohé­rence, contri­buant à la conti­nuité des soins pour les patients.

La prise en charge des mala­dies chro­ni­ques par l’ISC consiste en :
 Coordination des exa­mens de suivi et de reconduc­tion
-Suivi de la bonne exé­cu­tion des trai­te­ments et sur­veillance de leur tolé­rance
 Intervention dans le domaine de la pré­ven­tion, de l’éducation et du dépis­tage.

A titre d’exem­ple :
 a) En Gastro-enté­ro­lo­gie, il pour­rait être confié à l’ISC le suivi des mala­dies chro­ni­ques (hépa­tite C, patients cir­rho­ti­ques, patients atteints de mala­dies inflam­ma­toi­res chro­ni­ques et de l’intes­tin), le suivi des patients atteints de can­cers diges­tifs et soumis à des endo­sco­pies ité­ra­ti­ves, la réa­li­sa­tion des exa­mens d’explo­ra­tion fonc­tion­nelle diges­tive.
 b) En Cardiologie, le rôle de l’ISC serait la prise en charge cli­ni­que des patho­lo­gies car­dio­vas­cu­lai­res notam­ment l’insuf­fi­sance car­dia­que chro­ni­que pour l’éducation, le pro­nos­tic, le dépis­tage, la coor­di­na­tion de réseaux de soins.
 c) En Cancérologie, les ISC devraient pou­voir pren­dre en charge l’exé­cu­tion pra­ti­que de la chi­mio­thé­ra­pie, la consul­ta­tion de reconduc­tion de chi­mio­thé­ra­pie, la sur­veillance post thé­ra­peu­ti­que pour les patients en rémis­sion com­plète selon un pro­to­cole clai­re­ment établi par le méde­cin spé­cia­liste.
 d) En Diabétologie, les ISC pour­raient pren­dre en charge une partie du suivi des patients dia­bé­ti­ques avec une action cen­trée sur l’éducation, le conseil et la sur­veillance de para­mè­tres bio­lo­gi­ques sim­ples.

e) En Néphrologie, les ISC pour­raient se voir trans­fé­rer un cer­tain nombre d’acti­vi­tés :
 Au cours du suivi des mala­des ayant une insuf­fi­sance rénale chro­ni­que : suivi de para­mè­tres cli­ni­ques et bio­lo­gi­ques préa­la­ble­ment défi­nis, pla­ni­fi­ca­tion du suivi bio­lo­gi­que...
 Au cours de la pré­pa­ra­tion au trai­te­ment sub­sti­tu­tif par dia­lyse : éducation, infor­ma­tion.
 Au cours du suivi du patient dia­lysé : sur­veillance d’éléments direc­te­ment liés à la dia­lyse, sur­veillance bio­lo­gi­que, sur­veillance des vac­ci­na­tions...
 Au cours du suivi des mala­des trans­plan­tés : sur­veillance des para­mè­tres cli­ni­ques et bio­lo­gi­ques avec alerte aux méde­cins en cas d’ano­ma­lies pré-établies.

Face à la montée des soins aux per­son­nes du qua­trième âge avec perte d’auto­no­mie, au déve­lop­pe­ment de la pré­ven­tion et du dépis­tage des mala­dies chro­ni­ques, le sec­teur de la santé posera des pro­blè­mes d’orga­ni­sa­tion et d’éthique tou­jours plus com­plexes. L’un des rôles de la pro­fes­sion infir­mière sera de servir de garde-fou face à la ten­ta­tion du contrôle économique entrai­nant des res­tric­tions de soins indi­vi­duels, au nom d’une vision macroé­co­no­mi­que des dépen­ses de santé publi­que, comme dans les pays anglo-saxons. Les per­son­nes mala­des sont par défi­ni­tion plus vul­né­ra­bles, aussi les infir­miè­res doi­vent être en pre­mière ligne pour affir­mer que seuls les besoins des mala­des doi­vent déter­mi­ner le type et le coût des trai­te­ments.

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Au Québec, "l’infir­mière pra­ti­cienne spé­cia­li­sée" est habi­li­tée à pra­ti­quer cer­tai­nes acti­vi­tés médi­ca­les dans les domai­nes de la néo­na­ta­lo­gie, de la néphro­lo­gie et de la car­dio­lo­gie.

L’entrée en vigueur des dis­po­si­tions du projet de loi 90, en 2003, a favo­risé le déve­lop­pe­ment du rôle de l’infir­mière pra­ti­cienne spé­cia­li­sée. L’OIIQ et le Collège des méde­cins du Québec ont rédigé conjoin­te­ment les lignes direc­tri­ces qui déter­mi­nent les bali­ses néces­sai­res à l’enca­dre­ment de cette pra­ti­que. Le choix des spé­cia­li­tés, la néo­na­ta­lo­gie, la néphro­lo­gie et la car­dio­lo­gie, s’est fait de concert avec les asso­cia­tions des spé­cia­lis­tes concer­nés pour répon­dre à des besoins aigus de suivi, de prise en charge et de dimi­nu­tion de temps d’attente.

Au Québec, l’IPS dis­pense des soins médi­caux qui répon­dent aux besoins com­plexes des patients et de leur famille. Ainsi, ces infir­miè­res peu­vent :
 pres­crire des exa­mens diag­nos­ti­ques (comme une radio­gra­phie des pou­mons ou des ana­ly­ses de labo­ra­toire) ;
 uti­li­ser des tech­ni­ques diag­nos­ti­ques inva­si­ves ou pré­sen­tant des ris­ques de pré­ju­dice (comme des ponc­tions lom­bai­res, en néo­na­ta­lo­gie) ;
 pres­crire des médi­ca­ments et autres sub­stan­ces (comme des anti­bio­ti­ques ou des solu­tions intra­vei­neu­ses) ;
 pres­crire des trai­te­ments médi­caux (comme l’ali­men­ta­tion paren­té­rale, la car­dio­sti­mu­la­tion et la modi­fi­ca­tion du trai­te­ment d’hémo­dia­lyse) ;
 et uti­li­ser des tech­ni­ques ou appli­quer des trai­te­ments médi­caux inva­sifs ou pré­sen­tant des ris­ques de pré­ju­dice (comme l’inser­tion et le retrait d’un drain tho­ra­ci­que, en néo­na­ta­lo­gie ; la ponc­tion pleu­rale, en car­dio­lo­gie).

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Composition de la mis­sion d’infor­ma­tion sur la for­ma­tion des auxi­liai­res médi­caux (11 mem­bres) :
 Mme Catherine Lemorton, pré­si­dente SRC
 M. Jacques Domergue, rap­por­teur UMP
 M. Rémi Delatte UMP
 M. Jean-Pierre Door UMP
 M. Michel Heinrich UMP
 M. Guy Lefrand UMP
 Mme Isabelle Vasseur UMP
 Mme Monique Iborra SRC
 Mme Dominique Orliac SRC
 Mme Jacqueline Fraysse GDR
 M. Jean-Luc Préel NC

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