Peut-on soigner sans prendre soin ?

23 août 2008

L’accom­pa­gne­ment des ulti­mes étapes de la fin de vie sol­li­cite des normes et réfé­ren­ces,
qu’elles soient tech­ni­ques, juri­di­ques, déon­to­lo­gi­ques, cultu­rel­les et phi­lo­so­phi­ques.

Soigner et pren­dre soin relè­vent de concep­tions com­plé­men­tai­res et inter­dé­pen­dan­tes
des pra­ti­ques pro­fes­sion­nel­les médi­ca­les et para­mé­di­ca­les :
 soi­gner consiste à trai­ter la mala­die, com­pen­ser un défi­cit dans une démar­che
tech­ni­que per­ti­nente et vali­dée ;
 pren­dre soin vise, au-delà de la tech­ni­cité du geste, à sou­la­ger les symp­tô­mes,
dimi­nuer la souf­france et donc favo­ri­ser l’auto­no­mie et le confort de la per­sonne.

Cette atti­tude témoi­gne d’un souci à l’égard de la per­sonne reconnue dans la glo­ba­lité
de ses atten­tes et choix. Elle pro­cède d’un savoir-faire créa­tif visant à la cons­tante
recher­che d’un équilibre entre, d’une part, le par­tage et la prise en compte de
connais­san­ces actua­li­sées et, d’autre part, le plus juste posi­tion­ne­ment des dif­fé­rents
par­te­nai­res enga­gés dans le soin.

Le « pren­dre soin » néces­site com­pé­tence, atten­tion, écoute, tact et dis­cré­tion afin de
pré­ser­ver le sens et la jus­tesse des déci­sions adop­tées dans la concer­ta­tion. Le sou­tien et
le ren­for­ce­ment de ces pra­ti­ques pro­fes­sion­nel­les néces­si­tent des moyens en termes de
for­ma­tion spé­ci­fi­que et de dis­po­si­tifs adap­tés.

L’exi­gence d’un soin de qua­lité jus­ti­fie des échanges au sein des équipes mais aussi la
faculté reconnue aux pro­fes­sion­nels de santé d’expri­mer leurs posi­tions per­son­nel­les. En
effet, l’impli­ca­tion per­son­nelle peut trou­ver ses limi­tes. Il doit donc être envi­sagé et rendu
pos­si­ble de relayer un soi­gnant qui s’estime dans l’inca­pa­cité de se main­te­nir auprès
d’une per­sonne dans une rela­tion d’accom­pa­gne­ment.

L’orga­ni­sa­tion de la conti­nuité d’un soin per­ti­nent et res­pec­tueux relève de relais et de modes
de com­mu­ni­ca­tion struc­tu­rés qu’il convient de sou­te­nir par l’attri­bu­tion des moyens
indis­pen­sa­bles à leur effi­cience.

Recommandations :
 Introduire l’appren­tis­sage à l’écoute dans le cursus des for­ma­tions sui­vies par l’ensem­ble
des pro­fes­sion­nels et acteurs de santé.
 Ne jamais rame­ner l’appro­che de la per­sonne aux aspects immé­diats de son âge, de sa
mala­die ou de son han­di­cap. Au-delà de son état de santé, la per­sonne doit être reconnue dans
son huma­nité, ses valeurs et ses droits.
 S’effor­cer en toute cir­cons­tance de conce­voir les pro­jets d’accom­pa­gne­ment de la per­sonne
en tenant compte de ses choix, de ses res­sour­ces et des capa­ci­tés de son envi­ron­ne­ment.
 Intégrer à la démar­che qua­lité l’évaluation des cri­tè­res et moda­li­tés d’infor­ma­tion de la
per­sonne et de prise en compte de ses choix. Être atten­tif à cet égard au res­pect des prin­ci­pes
de confi­den­tia­lité, de trans­pa­rence et d’inté­grité.
 Favoriser dans le cadre d’une réforme des pro­cé­du­res admi­nis­tra­ti­ves l’accès direct des
per­son­nes aux droits sociaux qui leur sont indis­pen­sa­bles. Une telle mesure contri­buera à
l’atté­nua­tion des mul­ti­ples dif­fi­cultés aux­quel­les la per­sonne malade et ses pro­ches sont
confron­tés en fin de vie.
 Promouvoir ce qui contri­bue­rait à res­ti­tuer une valeur sociale, une estime de soi à des
per­son­nes aux marges de la société, sou­vent éprouvées par un sen­ti­ment d’indif­fé­rence et
d’aban­don.
 Préserver les droits et inté­rêts des per­son­nes face aux pres­sions et déri­ves com­mer­cia­les en
fin de vie.
 Veiller à déclen­cher la pro­tec­tion juri­di­que des per­son­nes en situa­tion de vul­né­ra­bi­lité.
 Promouvoir les pro­jets de recher­che de nature à iden­ti­fier les enjeux pro­pres aux situa­tions
de crise en phase ter­mi­nale de la vie, en ins­ti­tu­tion ou au domi­cile.

Source : ANAES 2004, L’accom­pa­gne­ment des per­son­nes en fin de vie et de leurs pro­ches (Texte des recom­man­da­tions)

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