Qualité des soins de santé primaire : les infirmières assurent !

29 novembre 2022

Une revue de littérature systématique menée par l’institut Cochrane démontre que la qualité des soins de santé primaire est aussi bonne, voire meilleure quand ils sont dispensés par des infirmiers plutôt que par des médecins, et que la satisfaction des patients est plus grande.

La pres­ta­tion de ser­vi­ces de soins de santé pri­mai­res par des infir­miers(ères) plutôt que par des méde­cins mène pro­ba­ble­ment à une santé simi­laire ou meilleure pour les patients et à une plus grande satis­fac­tion des patients. Les infir­miers(ères) ont pro­ba­ble­ment aussi des consul­ta­tions plus lon­gues avec les patients. Le recours à des infir­miers(ères) plutôt qu’à des méde­cins ne fait que peu ou pas de dif­fé­rence dans le nombre d’ordon­nan­ces et de tests pres­crits. Toutefois, les réper­cus­sions sur la quan­tité d’infor­ma­tion offerte aux patients, sur la mesure dans laquelle les lignes direc­tri­ces sont sui­vies et sur les coûts des soins de santé sont incer­tai­nes.

Qu’est-ce qui a été étudié dans cette revue ?

Dans la plu­part des pays, la popu­la­tion vieillit et un nombre crois­sant de per­son­nes souf­frent de mala­dies chro­ni­ques. Cela signi­fie que les ser­vi­ces que les pro­fes­sion­nels de soins de santé pri­mai­res doi­vent four­nir sont en train de chan­ger. Dans le même temps, de nom­breux pays man­quent de méde­cins et d’autres pro­fes­sion­nels de santé, ou les gens ont du mal à payer les ser­vi­ces de santé. En uti­li­sant des infir­miers(ères) au lieu de méde­cins, les pays espè­rent four­nir des soins de la même qua­lité pour moins d’argent.

Dans la pré­sente revue, nous avons cher­ché des études qui com­pa­rent les infir­miers(ères) et les méde­cins pour la pres­ta­tion des ser­vi­ces de soins pri­mai­res. Nous avons cher­ché à savoir si cela a une inci­dence sur la santé des patients, leur satis­fac­tion et l’uti­li­sa­tion des ser­vi­ces. Nous avons également cher­ché à savoir si cela a une inci­dence sur la façon dont les ser­vi­ces sont four­nis et sur leur coût.

Quels sont les prin­ci­paux résul­tats de cette revue ?

Nous avons inclus dans cette revue 18 études, pro­ve­nant prin­ci­pa­le­ment de pays à revenu élevé. Dans cer­tai­nes études, les infir­miers(ères) sont res­pon­sa­bles de tous les patients qui vien­nent à la cli­ni­que ou de tous les patients qui ont besoin d’une consul­ta­tion urgente. Dans d’autres études, les infir­miers(ères) sont res­pon­sa­bles de patients atteints de mala­dies chro­ni­ques par­ti­cu­liè­res ou sont char­gées de four­nir des soins de santé ou des ser­vi­ces d’éducation ou de pré­ven­tion à cer­tains grou­pes de patients. Les études inclu­ses com­pa­rent ces infir­miers(ères) aux méde­cins qui exé­cu­tent les mêmes tâches.

Notre revue montre que les soins pri­mai­res diri­gés par un(e) infir­mier(ère) peu­vent entraî­ner un peu moins de décès chez cer­tains grou­pes de patients que les soins diri­gés par un méde­cin. Cependant, les résul­tats varient et il est pos­si­ble que les soins pri­mai­res dis­pen­sés par un(e) infir­mier(ère) n’aient que peu ou pas d’inci­dence sur le nombre de décès. En outre, les patients ont pro­ba­ble­ment des résul­tats simi­lai­res ou meilleurs dans des domai­nes de la santé tels que les mala­dies car­dia­ques, le dia­bète, les rhu­ma­tis­mes et l’hyper­ten­sion arté­rielle. Les patients sont pro­ba­ble­ment un peu plus satis­faits de leurs soins et peu­vent avoir une qua­lité de vie légè­re­ment meilleure lorsqu’ils sont trai­tés par des infir­miers(ères).

Cette revue montre également que, com­pa­ra­ti­ve­ment aux méde­cins, les infir­miers(ères) ont pro­ba­ble­ment des consul­ta­tions plus lon­gues et que leurs patients sont légè­re­ment plus sus­cep­ti­bles de pren­dre des rendez-vous de suivi. Les études ont révélé peu ou pas de dif­fé­rence dans le nombre d’ordon­nan­ces et il peut n’y avoir que peu ou pas de dif­fé­rence dans le nombre de tests et d’exa­mens ordon­nés, ou dans l’uti­li­sa­tion d’autres ser­vi­ces par les patients. Les effets des soins pri­mai­res diri­gés par un(e) infir­mier(ère) sur la quan­tité de conseils et d’infor­ma­tion donnés aux patients et sur le res­pect ou non des lignes direc­tri­ces sont incer­tains, car la cer­ti­tude de ces résul­tats est très faible.

Notre revue donne à penser que les réper­cus­sions sur les coûts des soins du recours à des infir­miè­res plutôt qu’à des méde­cins pour dis­pen­ser des soins pri­mai­res sont incer­tai­nes. Nous avons évalué la cer­ti­tude de cette cons­ta­ta­tion comme étant très faible.

Cette revue est-elle à jour ?

Nous avons cher­ché des études qui avaient été publiées jusqu’en mars 2017.

Conclusions des auteurs :

Cette revue montre que pour cer­tains trou­bles phy­si­ques conti­nus et urgents et pour les mala­dies chro­ni­ques, les infir­miers(ères) formé(e)s, comme les infir­miers(ères) pra­ti­cien­nes et les infir­miers(ères) auto­risé(e)s, four­nis­sent pro­ba­ble­ment des soins de qua­lité égale ou peut-être même meilleure que les méde­cins de soins pri­mai­res, et obtien­nent pro­ba­ble­ment des résul­tats égaux ou meilleurs pour la santé des patients.
Les infir­miers(ères) attei­gnent pro­ba­ble­ment des niveaux plus élevés de satis­fac­tion des patients, com­pa­ra­ti­ve­ment aux méde­cins de soins pri­mai­res. De plus, la durée de la consul­ta­tion est pro­ba­ble­ment plus longue lors­que les infir­miers(ères) dis­pen­sent des soins et la fré­quence des visi­tes de retour est pro­ba­ble­ment légè­re­ment plus élevée pour les infir­miers(ères) que pour les méde­cins.

Source
https://www.cochrane.org/fr/CD001271/EPOC_les-infir­mier­se­res-en-tant-que-sub­sti­tuts-des-mede­cins-de-soins-pri­mai­res

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