Quatrième année d’études infirmières : une année de professionnalisation, pas une année blanche

5 mars 2025
Les opposants au passage des études infirmières à quatre ans agitent l’épouvantail d’une "année blanche", sous-entendant qu’une génération d’étudiants serait perdue dans la transition. C’est une vision erronée, qui repose sur une méconnaissance du modèle proposé.
La quatrième année ne sera pas une année d’attente, mais une année de professionnalisation, sur le modèle du "docteur junior" en médecine. Les étudiants ne seront pas absents du terrain : ils y seront en stage long, intégrés aux équipes, sous un tutorat renforcé et un compagnonnage structuré. Loin d’être une année vide, c’est une année clé pour sécuriser l’entrée dans la profession, renforcer les compétences cliniques et accompagner la transition vers l’autonomie.
Aujourd’hui, le constat est alarmant :
📉 36 000 jeunes entrent en formation, mais seuls 26 000 obtiennent leur diplôme trois ans plus tard.
📉 50 % des infirmières quittent l’hôpital au bout de 10 ans, réduisant à 13 000 le nombre réel de professionnels qui restent en poste.
Pourquoi ? Parce que le choc entre la profession rêvée et la réalité du terrain est brutal. Trop de jeunes diplômés se retrouvent livrés à eux-mêmes, dans des conditions de travail qui ne leur laissent ni le temps ni l’accompagnement nécessaires pour s’adapter.
La quatrième année sera un bouclier contre cette hémorragie. Un dispositif de tutorat renforcé, un accompagnement pas à pas, une montée en compétences progressive. Exit le syndrome du "baptême du feu" où les jeunes diplômés sont brutalement jetés dans le grand bain.
Une quatrième année bien encadrée, avec une immersion progressive et un appui pédagogique, c’est moins d’abandons, moins d’échecs, moins de départs précoces. C’est offrir aux futurs infirmiers les outils pour durer dans le métier, et non plus simplement y survivre.
Des professionnels expérimentés transmettront leur expertise. Les étudiants seront sur le terrain, mais sous supervision. Ils apprendront les subtilités du métier, développeront leurs réflexes cliniques, consolideront leur posture professionnelle.
L’objectif ? Réduire le taux d’abandon, stabiliser les effectifs, améliorer la qualité des soins. Transformer une formation subie en une trajectoire professionnelle choisie.
Une année blanche ? Non. Une année tremplin.
Alors, la vraie question est simple : veut-on continuer à voir des milliers de soignants décrocher faute d’accompagnement, ou veut-on enfin leur donner les moyens de rester et d’exercer durablement ?