Sirturo contre la tuberculose multirésistante

2 janvier 2013

L’agence amé­ri­caine des médi­ca­ments (FDA) a approuvé le Sirturo, un trai­te­ment contre la tuber­cu­lose mul­ti­ré­sis­tante aux médi­ca­ments exis­tants, pre­mier nou­veau trai­te­ment contre cette mala­die auto­risé depuis qua­rante ans ans.

"La tuber­cu­lose mul­ti­ré­sis­tante est une grave menace à la santé publi­que dans le monde et le Sirturo offre un trai­te­ment qui man­quait aux patients ne dis­po­sant pas d’autres alter­na­ti­ves thé­ra­peu­ti­ques", sou­li­gne le com­mu­ni­qué de la FDA. Sur les 1,7 mil­lions de décès liés à la tuber­cu­lose, 150 000 ont été pro­vo­qués par une forme mul­ti­ré­sis­tante.

La tuber­cu­lose mul­ti­ré­sis­tante (MR) qui est en aug­men­ta­tion avec quel­que 400.000 cas recen­sés dans le monde en 2011, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, résiste à l’iso­nia­zide et à la rifam­pi­cine, les deux anti­tu­ber­cu­leux les plus puis­sants actuel­le­ment dis­po­ni­bles. La prin­ci­pale cause de cette mul­ti­ré­sis­tance est une mau­vaise appli­ca­tion du trai­te­ment anti­tu­ber­cu­leux. Dans la plu­part des cas, on peut guérir de la tuber­cu­lose en six mois avec une obser­vance thé­ra­peu­ti­que stricte, sou­li­gnent les méde­cins.

Le Sirturo, pro­duit par le labo­ra­toire amé­ri­cain Johnson and Johnson et qui est uti­lisé en com­bi­nai­son avec d’autres anti­tu­ber­cu­leux, agit en neu­tra­li­sant un enzyme néces­saire pour que la bac­té­rie res­pon­sa­ble de l’infec­tion, le bacille de Koch, puisse se mul­ti­plier et se pro­pa­ger dans l’orga­nisme.

La beda­qui­line est le pre­mier repré­sen­tant d’une nou­velle classe d’anti tuber­cu­leux, les dia­ryl­qui­no­li­nes. C’est le pre­mier trai­te­ment indi­qué contre la tuber­cu­lose mis sur le marché depuis qua­rante ans. Indiqué dans la prise en charge des tuber­cu­lo­ses ultra-résis­tan­tes, Sirturo doit faire l’objet d’impor­tan­tes pré­cau­tions d’uti­li­sa­tion en raison de ses nom­breux effets secondai­res car­dio­vas­cu­lai­res.

Si la Chine, la Russie, l’Inde et l’Afrique du Sud recen­sent le plus grand nombre de cas de tuber­cu­lo­ses résis­tan­tes, le phé­no­mène existe également dans la zone euro­péenne comme l’avait déjà relevé avec inquié­tude le Lancet en 2009. Les sou­ches de BK résis­tan­tes à l’iso­nia­zide, à la rifam­pi­cine et aux flu­ro­qui­no­lo­nes ainsi qu’à au moins un des trois anti-tuber­cu­leux injec­ta­bles de seconde ligne concer­naient ainsi à cette époque 23,7 % des iso­lats pré­le­vés en Estonie, 15 % de ceux recueillis en Ukraine et 12,8 % en Azerbaïdjan.

Les auteurs de cette enquête épidémiologique rele­vaient encore qu’au Portugal la moitié des sou­ches résis­tan­tes iso­lées étaient en réa­lité mul­ti­ré­sis­tan­tes. Des chif­fres d’autant plus inquié­tants que le coût de la prise en charge des tuber­cu­lo­ses mul­ti­ré­sis­tan­tes est très élevé : des épidémiologistes amé­ri­cains ont ainsi estimé qu’il reve­nait à 7 000 dol­lars, soit cent fois plus que le trai­te­ment d’un patient infecté par une souche « clas­si­que ».

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